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Roi du silence

Rencontre

Le bus, l'indispensable

C'est pas Sarcenas, c'est le Sappey

Le bout du monde. C’est un peu la première expression qui nous est venue en tête, descendues à l’arrêt « Pont du Croz ». Terminus de la ligne 62, à Sarcenas, village à 20 minutes de Grenoble en voiture, 40 en bus (à l’aller), 12 jours à pied. Notre escale vers Sarcenas a débuté par un voyage à bord du bus. Rien à voir avec ceux traditionnels du réseau Tag, non. Ici, on parle de Flexo. Ces bus aux fauteuils confortables qui ne sont pas sans rappeler ceux que l’on prenait pour aller au lycée ou partir en voyage scolaire quand on était gamins. Ces bus dont les cinq places du fond vous donnent irrémédiablement un statut d’élève « stylé » (et tant pis pour le mal des transports).

Départ à 7h45, arrêt Notre-Dame Musée, en centre-ville de Grenoble. Arrivée prévue à 8h20. Sur le chemin, les virages se succèdent et l’on entreprend une montée vers les sommets. Plus nous grimpons, plus les degrés nous abandonnent... tout comme nos barres de réseau.

panneau

Sarcenas Temps de trajet : 10 minutes

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Arrivées à « Pont du Croz », le temps s’est arrêté. Une sensation nous enveloppe, une sensation… de vide. Le silence est surprenant pour nos âmes imprégnées du tumulte de la ville. À la place : une forêt entourée de routes. Pas âme qui vive. Seuls les feuillages frissonnent au gré du vent. Les chemins de terre sont interminables. La forêt s’assombrit sous le ciel gris de ce matin brumeux et nos voix se perdent dans un écho. On devine que personne ne nous entendrait si nous faisions une mauvaise rencontre. On frémit un instant.

 

Mais en tendant l’oreille, le chant des oiseaux, le bruit de la pluie et le cours du ruisseau nous ramènent à la raison. Ce n’est pas un film, c’est simplement la nature qui nous offre un doux dépaysement. On se croirait dans une chanson de Francis Cabrel.

Une sensation

nous enveloppe,

une sensation ...

de vide

Premier endroit auquel on se raccroche : l’abribus qui marque notre terminus. Une petite cabane en bois et en béton. Si l'arrêt se fond à merveille au spectacle naturel qui nous entoure, son panneau d’horaires de la Tag nous rappelle comme un petit bout de la ville. Tout comme les bennes à ordures situées à 100 mètres de là, ou encore les passages de quelques voitures toutes les 20 minutes.

En s’approchant, nous découvrons aussi d’autres signes d’existence humaine. Telle la grotte de Lascaux, les parois de l’abribus nous offrent quelques inscriptions comme

« Weed » ou « Big Flo et Oli » écrits en lettres capitales, ou des petites phrases philosophiques pas piquées des hannetons : « Qui n’est pas fou parmis (sic) les fous passe pour fou ». On pense à une oeuvre de passants ou de jeunes passagers inspirés par l’endroit. Inspirés par l’attente d’un nouveau bus.


 

Une sensation

nous enveloppe,

une sensation...

de vide

On se croirait dans

une chanson de

Francis Cabrel

Altitude : 

1 100 m

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Cependant, ne vous y trompez pas. Si, à première vue, aucune habitation n’est visible, l’abribus du « Pont du Croz » dessert la commune de Sarcenas. Un petit village isérois de 220 habitants qui rassemble des petites maisons traditionnelles et des chalets modernes.

Pour l’instant, difficile de croiser de nouveaux voyageurs prêts à repartir vers Grenoble. Il faut dire qu’entre deux passages du bus 62, vous avez le temps de voir naître sur votre visage trois nouvelles rides. Les horaires affichés sur notre lieu de prédilection nous l’indiquent : ce dernier circule sept fois dans la journée.

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Un peu désemparées par le peu d’agitation environnant, nous avons la surprise de voir arriver deux femmes (nous ne sommes donc pas seules). Les présentations sont faites. Voici Karine et Monique, qui attendent le bus de 8h30. La première se rend au Muséum de Grenoble et utilise régulièrement le bus, tandis que la seconde a un rendez-vous - nous ne savons pas lequel - et travaille dans la capitale des Alpes depuis 25 ans. Il y a quelques années encore, elles n’auraient sûrement pas pu prendre le bus pour de tels projets. « La fréquence des passages a augmenté depuis deux ans, depuis que Sarcenas a intégré la métropole », explique Karine. « Avant, il n’y avait qu’un seul bus pour les enfants et deux autres le soir. » Autrement dit, il n’y en avait quasiment pas et il ne fallait pas être pressé. Et la ligne de bus n’est pas la seule chose qui ait changé. Le type d’habitants évolue au fil des années. On aperçoit surtout l’arrivée de jeunes couples ou de familles qui souhaitent bénéficier de l’air frais des montagnes. Un profil assez inattendu alors que nos préjugés s’attendent à la présence exclusive de personnes âgées dans de tels villages.

La conversation est interrompue par l’arrivée du bus de 8h30. D’après son chauffeur, il faut repasser les week-ends. C’est à cette période de la semaine que nous avons le plus de chance de croiser des habitants.


 

Un peu désemparées par le peu d’agitation environnant, nous avons la surprise de voir arriver deux femmes (nous ne sommes donc pas seules). Les présentations sont faites. Voici Karine et Monique, qui attendent le bus de 8h30. La première se rend au Muséum de Grenoble et utilise régulièrement le bus, tandis que la seconde a un rendez-vous - nous ne savons pas lequel - et travaille dans la capitale des Alpes depuis 25 ans. Il y a quelques années encore, elles n’auraient sûrement pas pu prendre le bus pour de tels projets. « La fréquence des passages a augmenté depuis deux ans, lorsque Sarcenas a intégré la métropole », explique Karine. 


 

Pour l'instant, difficile de croiser de nouveaux voyageurs prêts à repartir vers Grenoble.

« Lorsque nous sommes arrivés, la proximité de la maison

avec un arrêt de bus

a pesé dans la balance »

Jean, habitant de Sarcenas

Le type d'habitants évolue au fil des années. On aperçoit surtout l'arrivée de jeunes couples ou de familles qui souhaitent bénéficier de l'air frais des montagnes.

« Avant, il n’y avait qu’un seul bus pour les enfants et deux autres le soir. » Autrement dit, il n’y en avait quasiment pas et il ne fallait pas être pressé. Et la ligne de bus n’est pas la seule chose qui ait changé. Le type d’habitants évolue au fil des années. On aperçoit surtout l’arrivée de jeunes couples ou de familles qui souhaitent bénéficier de l’air frais des montagnes. Un profil assez inattendu alors que nos préjugés s’attendent à la présence exclusive de personnes âgées dans de tels villages.

La conversation est interrompue par l’arrivée du bus de 8h30. D’après son chauffeur, il faut repasser les week-ends. C’est à cette période de la semaine que nous avons le plus de chance de croiser des habitants.


 

Deux jours plus tard, nous revoilà dans les montagnes, un samedi. Même heure, même pomme. Mais, cette fois-ci, la joie nous envahit alors que nous apercevons un homme et ses deux enfants se promener près de l’arrêt de bus. Il s’agit de Jean-François. Il vit du côté de la Guilletière, un des hameaux les plus habités de Sarcenas. Il faut dire que c’est un fin connaisseur des lieux. « Ce qui est amusant, c’est que le village est un mélange de vieilles bâtisses et de très belles maisons. C’est un coin assez bourgeois, avec pas mal de cadres, de libéraux et de retraités », analyse-t-il. Lui ne prend pas le bus, contrairement à ses voisins de palier. Cela ne l’empêche pas d’estimer que les habitants ne pourraient pas s’en passer. « Si l’arrêt de bus n’existait pas, cela embêterait beaucoup de personnes », précise-t-il. D’autant plus qu’il y a une sacrée dynamique écologique dans le coin et que l’arrêt de bus y répond. De nombreux habitants évitent de prendre la voiture pour limiter leur impact sur la planète et décident de favoriser le bus. « Dans la région, on se sent concernés par ce sujet », ajoute Jean-François.

Nous décidons alors d’aller directement à la rencontre des habitants de la Guilletière, à moins d’un kilomètre. Le trajet est rude, la côte est raide. Il n’en fallait pas plus pour nous rappeler que nous sommes bien dans les montagnes. (Ça nous fera les cuisses). Arrivées dans le hameau, nous longeons les maisons à la recherche d’un signe de vie. Par chance (et avec persévérance), nous croisons un premier homme qui nous indique la maison de sa soeur, une utilisatrice régulière du bus. Nous voilà reparties dans l’autre sens. Et alors que notre recherche se révèle infructueuse, une deuxième rencontre. Celle d’un jeune papa, travaillant à l’hôpital de La Tronche. Lui non plus n’emprunte pas la ligne 62 à cause des horaires disparates. Mais, « vous verrez en bas, il y a deux maisons et les gens s’en servent souvent ». Cette fois-ci, nous sonnons à la bonne porte. Chez Jean. Voilà quatre ans qu’il vit ici avec sa femme et ses enfants, et ce n’est pas par hasard. « Lorsque nous sommes arrivés, la proximité de la maison avec un arrêt de bus a pesé dans la balance », raconte-t-il. Même s’il ne prend ce moyen de transport que ponctuellement pour le travail et parfois pour les loisirs, l’arrêt du « Pont du Croz » est à ses yeux indispensable.

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Il fait partie de ceux qui militent pour l’augmentation de la fréquence de passages des bus. Après tout, donner une plus grande importance à la ligne 62 ne donnerait-il pas envie aux habitants de Sarcenas de l’emprunter ? Pour Jean, la nécessité de ce type de ligne devrait prendre le pas sur les statistiques dans le cadre des enquêtes publiques : « La métropole n’utilise pas la bonne méthode pour calculer les besoins. Elle ne compte que les personnes qui prennent le bus. » Et cela ne suffit pas. Toujours selon lui, s’il y avait plus de bus, davantage de personnes le prendraient. Pour compenser, la voiture reste le moyen de locomotion privilégié compte tenu des horaires. En attendant, la ligne 62 et son terminus isolé sont une source d’intérêt pour les habitants. Lien entre ville et montagne, volonté écologique ou évolution du mode de vie, le bus a encore de l’avenir à Sarcenas. Méfions nous de l’eau (du ruisseau) qui dort.

 

 

 

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La forêt s’assombrit

sous le ciel gris

de ce matin brumeux

et nos voix se perdent

dans un écho.

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Terminus

de la ligne 62,

à Sarcenas,

village à 20 minutes

de Grenoble en voiture,

40 en bus (à l’aller),

12 jours à pied.

Notre escale

vers Sarcenas

a débuté par un voyage

à bord du bus.

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Photo principale Sarcenas
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Jean-François assis dans l'abribus de l'arrêt Pont du Croz, en bout de ligne 62

Jean ne prend pas souvent le bus, mais il l'estime indispensable

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Proveyzieux

Domène

Seyssinet-Pariset

Les Saillants du Gua

Grenoble - Verdun

Champagnier

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