Le village devenu dortoir
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Le village devenu dortoir
Des ruraux et des citadins
Une zone urbaine dans la plaine
Seyssinet-Pariset Temps de trajet : 10 minutes
En bas, en bordure de Drac, s’étale une vaste zone urbaine. C’est là qu’après la Seconde Guerre mondiale s’est déployée Seyssinet-Pariset, faisant passer le nombre d’habitants de 1 600 à environ 12 000 en 60 ans. Cette partie de la commune est facile d’accès depuis Grenoble. En bout de ligne du tram C, trois arrêts desservent le bas de la ville. Le bus C6 permet aussi d’accéder à Seyssinet depuis Saint-Martin-d’Hères par Eybens et Seyssins ou depuis la Presqu'Île en passant par Sassenage et Fontaine.
Plus haut, à flanc de montagne, se dresse le village, surplombé 700 mètres en amont par le hameau de Pariset. La campagne avec ses avantages : une vue imprenable sur la plaine, des espaces aérés et arborés, de belles bâtisses et de petites maisons de charme. Les vététistes et les randonneurs ne s’y trompent pas, la route de Saint-Nizier est la voie royale pour accéder au Vercors dès l’arrivée des beaux jours. Le patrimoine naturel et historique du village et ses alentours contrastent avec la grisaille de la nouvelle ville en contrebas. Sur la route qui mène à la Tour sans Venin, une
des sept merveilles du Dauphiné, Jean-Jacques Rousseau avait trouvé un havre de paix : un « désert verdoyant », qui porte à présent le nom du philosophe.
Mais la carte postale est un peu gâchée par la disparition de toute activité. Petit à petit, les commerces et les services publics ont plié bagages avec l’hôtel de ville pour rejoindre la plaine. Un service postal était encore assuré il y a quelques années, avant de disparaître à son tour.
« Même s’il est évident que notre commune est largement liée à Grenoble, il existe une identité Seyssinettoise. Il y a le Drac qui nous sépare ! » rappelle Marcel Repellin, maire de Seyssinet-Pariset. Pourtant, en regardant la topographie de cette commune, un paradoxe saute aux yeux : la ville est divisée en deux ensembles distincts.
« Aujourd’hui, il subsiste deux salles de classe dans l’ancienne mairie. Ce bâtiment sert encore symboliquement, on y célèbre des mariages », raconte le maire, Marcel Repellin.
Question transport, le village est accessible directement de Grenoble par la ligne Trans’Isère 5110 en direction de Lans-en-Vercors, ou par le bus 19, à l’arrêt du tram C, Bouchayer - Hôtel de ville.
Paroles d'habitants
Roland Vacilotto travaille dans la métallurgie à Grenoble. Comme son père avant lui, il a toujours habité à Seyssinet. Malgré la bonne volonté de l’association, selon lui, le fossé entre le village et la plaine existe : « Il y a les gens qui ont les moyens en haut et les plus modestes en bas. » Et ces deux populations auraient du mal à entretenir des rapports. « Je ne côtoie personne qui vit au village, je n’en connais pas. Ah si, mon ancien patron », plaisante le métrologue de 53 ans assis à une table du café-restaurant le Bleuet, situé à quelques dizaines de mètres des berges du Drac.
« Ici on se connaît tous, c’est l’ambiance bistrot », confirme Roland Vacilotto. À Seyssinet-Pariset, l’atmosphère de petite bourgade de campagne s’est éteinte. Elle s’est rallumée plus bas avec une ambiance populaire, comparable à n’importe quel autre quartier d’une grande métropole.
« L’esprit village »
a décliné en même temps que ses commerces fermaient et que la ville s’étendait en contrebas. « Aujourd’hui, c’est une ville à la campagne », lancent en coeur Alain et Christophe à la table d'un café-restaurant de la ville.
La plaine et le village, deux mondes qui coexistent mais qui ne se ressemblent pas. Selon le maire malgré ces différences, ruraux et citadins n’ont pas forcément des intérêts divergents. « Le village est celui de tous les Seyssinettois, les habitants de la plaine qui ont un intérêt pour le village s’y arrêtent aussi », souligne-t-il.
Pour maintenir une activité dans ce village devenu dortoir, l’association Mieux vivre à Seyssinet village organise régulièrement des événements dans la salle de l’ancien hôtel de ville. Des ateliers aquarelle, une chorale ou encore des conférences permettent aux habitants de se rencontrer. « Le village se retrouvait désertifié. Les gens travaillent en dehors de la commune et ne se rencontrent plus. Alors nous essayons de dynamiser la vie de la commune et de créer du lien social », précise Jacques Monnet, président de l’association et habitant le village depuis 1986.
« Si c’est dans la plaine que s’est développée la commune, c’est d’abord grâce à sa proximité avec Grenoble. »
Dans cette plaine bétonnée, les grands immeubles d’habitation et les pavillons côtoient les concessionnaires automobiles, les infrastructures publiques et quelques commerces et restaurants. Dans le bruit entêtant du trafic, on s’imagine mal que le Vercors se trouve seulement à quelques virages au-dessus. On sent ici l’influence de la grande ville.
« Si c’est dans la plaine que s’est développée la commune, c’est d’abord grâce à sa proximité avec Grenoble. Mais c'est aussi une question de coût. Pour les raccordements et l’assainissement par exemple, la plaine est plus facilement aménageable », explique le maire.
19
C
3m47s
"On entend dire que le village c'est un peu un club de privilégiés"
"L'origine historique de Seyssinet, c'est ici, c'est au village"
"Nos activités sont ouvertes à tous les gens de la commune et même à l'extérieur"
Les clichés ont cependant la dent dure : le haut du village serait réservé aux élites. Des préjugés contre lesquels le président et l’association essaient de lutter.
Selon Jacques Monnet, l’action de l’association séduit les habitants de Seyssinet. Chaque année, de nouvelles activités voient le jour et le nombre d’adhérents augmente d’environ 5 %. Mais le président avoue ne pas connaître la part de résidents du village et celle d’habitants de la plaine parmi ces membres.
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